à l'orée de l'indicible: Alain Rebourg

Publié le 26/02/2021 à 09:53 par poeguy Tags : sur place nuit prix homme monde demain

Après, versant durée

 

Lieu ou

sur

le point de l'être

( et passant

on oublie

le suivant )

 

la poussière

tait le temps

au verso

 

ta place est

sur

la lame

du couteau

 

 

Sois le vibrant

qui toujours

à demi retient

une main que déserte

                    la main

 

 

Le souffle veille.

Chacun de vous m'est un tourment

L'heure se déplace.

Ma chute en terre, le don.

 

 

 

Le même soleil s'appuie à mon épaule

à peine l'épaisseur de l'abandon

Un semblant de jetée sans ancre repose au bord

                                                         du vent

 

 

Nul endroit

aux prises avec le soir clair

À la traversée des heures

je parle bas

et mon bras se nourrit désormais de paroles.

Tandis que court le jour

sous l'ongle de nos os

 

Assis sur le ressaut de la solitude

surface claire, au nom perdu

je veux m'attarder sur la branche

le jour veille dans la joie

le rien qui ruisselle par distraction

devant nous l'être est double

l'infime, à nouveau le détourne et veille

 

 

Appui sur la nuit

un grand geste

que je prenais pour mien

jusqu'au matin nous demeurons face à face

mon semblable dans le déchirement

ma digue dans le regard du rêve

 

 

Je dénombre les riens comme des fêtes

jamais le signe ne consume les jours

les mots tressautent

de face dans l'ouvert

 

 

Si le silence lie

à son allié du jour

un regard trop haut

si le prix du souffle porte au cri

mon cœur même boit le ciel

- pardonne le hasard ! -

et parmi les vivants s'oublie le point final

 

 

ChaqÀÀue matin

mon épaule inverse

la lumière

et la parole convoquée

dès l'origine

se réchauffe à pleins bords

 

 

Nous ne parlons plus que de loin à l'abrupt

                                             des falaises

L'énigme de nos voix

a cessé d'être comme une eau qui passe

 

 

sa source se retourne

elle sait l'arpentage des ombres d'hier

la face juste que l'homme compte en ses veines

 

 

Au creux de la nuit

doucement

le moindre signe qui remonte

élargit le fleuve en son cours

et soudain

sur la portée du monde

rencontre la miséricorde

 

 

Vers toi demain les années

prêtent leur flamme

et les tempes voyelles

chemin d'augures

voisinent avec le désespoir de l'homme

L'arbre se cabre à l'entour de celui qui rôde

Vois le pays là-bas dans le cercle de pierres :

quelqu'un parle d'être né.

 

Alain Rebourg

revue " Petite" Trois