Poésie ouverte

Poète de l'espace, de l'attente, de la pure présence, de l'immobilité dans la lumière du jour, comme du mouvement qui est appropriation du paysage, Du Bouchet essaye de dire ensemble la profondeur du silence et l'émergence de la parole, le rassemblement et la dispersion. D'où ses poèmes brefs, lapidaires, aux mots dispersés sur la blancheur de la page comme des îlots de sens arrachés à l'informulé, avant l'aube - ou la mort - de la poésie.

                            NIVELLEMENT

Je conserve le souvenir de la rosée sur cette route

où je ne me trouve pas,

                                     dans le désespoir du vent

       qui renoue.

                      Ce ciel, dans le lieu en poudre que

révèle la fin de son souffle.

Dans l'étendue,

                        même endormi, que je retrouve

         devant moi, hier j'ai respiré.

Reçu par le sol, comme l'étendue de la route que

je peux voir.

     Je reste longuement au milieu du jour.

André Du Bouchet

( 1924-2001 )

" Dans la chaleur vacante "

Mercure de France