Laurant Drelincourt

Publié le 26/07/2023 à 06:59 par poeguy Tags : sur homme mort coeur

                     SUR LA VIEILLESSE

 

   Pauvre-homme, dont la force est la force d'un Verre ;

Vieillard foible et tremblant, à toy-même ennuyeus ;

A qui tant d'Ennemis font ensemble la guerre ;

Ne veux-tu point songer à quitter ces bas Lieus ?

 

Ne sens-tu point la Mort, qui te suit, qui te serre ?

As-tu perdu l'esprit ? Et ton Coeur vicieus,

Endurcy par les Ans, et tenant à la Terre,

N'a-t-il ni mouvement, ni chaleur, pour les Cieus ?

 

Voy ces Mons sourcilleux, dont les cimes chenuës

Portent leur front de nége à la hauteur des Nuës,

Et dont le sein répand un Déluge de Feus.

 

Ainsi, pour t'élever à la Gloire éternelle,

La nége sur le poil, le Coeur brûlant de Voeus,

Corrige ta froideur, par le feu de ton Zèle.

 

Laurent Drelincourt

( 1621-1681 )

Sonnets chrétiens, Editions du Chêne