Michel Leiris

Publié le 21/07/2023 à 00:19 par poeguy Tags : air sur coup homme

" A mi-chemin des sols trop sales et des voûtes trop sublimes, à niveau d'air, entrant dans la peau du rôle, la poésie joue son jeu ", dit Leiris dans la préface de Glossaire, j'y serre mes gloses ( 1999 ). Poésie donc à hauteur d'homme, mais non point naïvement humaniste. Poésie d'abord qui se profère et qui, sous l'influence du surréalisme auquel Leiris appartient depuis 1924, suivit la dictée de l'inconscient. Si, en 1929, Leiris se sépara de Breton ( ethnologue, il fut alors au collège de sociologie l'ami de Bataille ), sa poésie, comme ses textes autobiographiques ( Biffures ) eut toujours pour but d'être une mise à nu de lui-même et du langage : écoute des pulsions, déchiffrement - y compris à travers leur jeu - de tout ce que les mots font lever en lui : images, énigmes, désirs.Ainsi conçue, la poésie est risque, l'équivalent d'une tauromachie.

 

COGIDA

 

La flamme pourpre s'élève

d'un coup

sur le silex des cornes

 

Avalanche de sonneur les poings liés à la corde

il est tombé

le stratège de la lumière

le geôlier des naseaux rougeoyants

la cheminée de sang qui fume

le manieur de chiffons irisés

 

Michel Leiris

( 1901-1990 )

( Haut Mal )

Poètes d'aujourd'hui / Seghers