Poésie ouverte

Bibliothécaire du Sénat, archiviste de la Comédie-Française, critique dramatique, membre de l'Académie française à 42 ans, Coppée fut longtemps proposé par les manuels scolaires comme un des modèles de notre poésie. Sa gloire qui nous étonne, vint de son réalisme familier. D'abord parnassien ( le Reliquaire ), il choisit vite, s'enfonçant dans le prosaïsme, de célébrer la vie quotidienne ( Intimités ), les métiers modestes ( les Humbles ), les bons sentiments. Il combla d'autant plus les goûts d'une bourgeoisie peu artiste qu'il savait faire le portrait d'un brave homme (" Il avait ce qu'il faut pour un bon épicier : / Il était ponctuel, sobre, chaste, économe." ) et manier à la fois el couplet moralisateur et la gauloiserie discrète:

Vous êtes dans le vrai, canotiers, calicots !

Pour voir des boutons d'or et des coquelicots

Vous partez, le dimanche, et remplissez les gares

De femmes, de chansons, de joie et de cigares,

Et, pour être charmants et faire votre cour,

Vous savez imiter les cris de basse-cour.

Vous avez la gaîté peinte sur la figure.

Pour vous, le soir qui vient, c'est la tonnelle obscure

Où, bruyants et grivois, vous prenez le repas ;

Et le soleil couchant ne vous attriste pas.

François Coppée

( 1842-1908 )

Publiées chez Lemerre, les oeuvres de Coppée ( Intimités, Les Humbles, Promenades et Intérieurs, etc..) n'ont pas été rééditées récemment.