J.-c.-l. de c. de Malfilâtre

Publié le 16/07/2021 à 06:28 par poeguy Tags : pouvoir image sur nature homme divers jeune paris

Applaudis-toi, grande divinité

Applaudis-toi, contemple ton ouvrage :

D'un œil serein vois ta félicité

De tant de cœurs qui te rendent hommage :

Vois cette scène et ces groupes épars.

Quel lieu jamais offrit à tes regards

De ton pouvoir un plus beau témoignage,

Et du bonheur une plus vive image ?

Où, cependant, où ne portes-tu pas

Et le bonheur et l'innocente joie ?

En quelque endroit

que se tournent tes pas,

Sur tous les fronts la gaîté se déploie ;

La paix te suit, les flots séditieux,

Quand tu parais, retombent et s'apaisent,

L'aquilon fuit, les tonnerres se taisent,

Et le soleil revient, plus radieux,

Dorer l'azur dont se peignent les cieux.

À ton aspect, la Nature est émue ;

En rugissant, le lion te salue,

L'ours, en grondant, t'exprime ses plaisirs ;

L'oiseau léger te chante dans la nue ;

Et l'homme enfin, par la voix des soupirs,

Te rend honneur et t'offre ses désirs.

Rien ne t'échappe, et l'abîme des ondes

S'embrase aussi de tes flammes fécondes ;

Et sous tes traits, sous tes brûlants éclairs,

Pleins d'allégresse, en leurs grottes profondes,

Tu vois bondir tous les monstres des mers.

C'est toi par qui sont les êtres divers,,

C'est toi, Vénus, qui rajeunis les mondes,

Et dont le souffle anime l'univers.

 

J.-c.-l . de c. de Malfilâtre ( 1732-1767 )

Anthologies Rencontre

Éditions Garnier-Flammarion, Tchou.

 

" La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré ", affirma Gibert. Si Malfilâtre ne mourut pas de faim, mais de maladie, ce fut bien cependant dans la misère. Marmontel ayant fait publier son ode sur le Soleil fixe au milieu des planètes , le jeune poète avait quitté Caen pour Paris. Peu mondain, il ne sut pas s'imposer d'emblée dans les milieux littéraires malgré sa traduction de Virgile et son long poème Narcisse dans l'île de Vénus dont nous donnons un fragment: